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Alexendra 37 ans, 2 ivg

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J'ai mal vécu mon IVG

J'ai 37 ans et deux enfants. Mon mari et moi nous nous sommes connus il y a 16 ans. Nous avons toujours pris le temps de bien faire les choses. Finir les études, se marier, acheter notre maison et avoir des enfants. Je suis issue d'une grande famille et élevée sans père et à la maison, les discussions mère-fille étaient taboues. Je suis tombée enceinte dans les mois qui ont suivi notre rencontre, malgré l'utilisation de préservatifs. Je me souviens encore de ce jour. Je me revois dans les bras de mon mari en train de pleurer le test à la main! Nous étions complètement paniqués! Lui, était encore plus jeune, il travaillait déjà mais moi je terminais mes études ! Comment l'annoncer à ma mère ? Cela n'était même pas envisageable! Après plusieurs jours de détresse, nous avons programmé une IVG. Mon mari en était malade, il a tout assumé financièrement, il m'a accompagné, m'a soutenu. Je vois encore son visage décomposé lorsqu'ils sont venus me chercher! Nous avons  loué une chambre, il est resté près de moi toute la nuit en me serrant dans ses bras! Cette situation était affreuse, je me souviens tellement de son mal être, certainement sa culpabilité mais en même temps, j’avais reçu tellement de tendresse et d'amour! Avec le temps, nous avons surmonté tout cela ! Je ne me suis pas préoccupé de ce que je ressentais mais plutôt de l'avenir de cet enfant, et de tout ce que je m'étais promis de ne pas lui faire vivre! J'ai terminé mes études, trouvé un travail, nous nous sommes mariés, avons acheté une maison et j'ai mis au monde mon premier enfant! Cette grossesse était la plus belle chose au monde, je me souviens de chaque détail! J'avais tant d'amour à lui donner que neuf mois me paraissaient interminables, je ne dormais plus la nuit tant j'étais impatiente de la rencontrer! La naissance d'un enfant est la plus belle chose au monde! Mon mari n'était pas très expressif au cours de la grossesse, il était très stressé et encore plus lorsque j'ai été arrêté à 6 mois et demi! A partir du moment où il a vu sa fille, il en était fou! C'est un excellent père, toujours à se lever la nuit, les soigner lorsqu'ils sont malades...Deux ans et demi plus tard, nous avons eu un deuxième enfant. Les années se sont passées, notre petite famille était un vrai modèle au regard de tous, tout comme l'était notre couple depuis toutes ces années! Mon mari a été contraint d’accepter un poste dans une autre région. Nous avons subi un déménagement, je dis cela car c'est vraiment le terme. Vendre sa maison, quitter sa famille, ses amis, son travail et tout recommencer ailleurs, à plus de 900 kilomètres! Pas facile, trois ans de souffrance, de disputes régulières, un couple qui se dégrade et qui ne comprend pas ce qui lui arrive! Nous avons fait construire notre maison, je n'arrivais pas à m'investir dans ce projet, lui, me le reprochait sans cesse, et nous n'arrivions plus à communiquer jusqu'au jour où nous avons pris conscience que cela allait trop loin, il fallait réagir! Nous nous sommes rapprochés intiment petit à petit, essayant de retrouver ce que nous avions perdu! En septembre dernier, je redoutais le pire, et cela est arrivé: j'étais enceinte (entre l'arrêt de la pilule et la  pose d'un stérilet). Je n'arrivais pas à croire ce qui m’arrivait, c’était injuste après toutes ces périodes de crise et les retrouvailles avec ma vie d'avant. Face à ce test, j’étais terrifiée, paniquée, je culpabilisais comme une enfant ayant commis l'irréparable! Je me suis mise à trembler, à pleurer, tout se mélangeait dans ma tête: comment allions nous faire ? Nous n'avions pas prévu de troisième enfant, je n'avais même pas de chambre pour l'accueillir! Lorsque je l'ai annoncé à mon mari (en déplacement professionnel), il était dans le même état que moi! Il me faisait prendre conscience de l'aspect financier, du fait qu'il ne voulait plus revenir en arrière, par les contraintes  des nuits, des couches, etc... Effectivement, je prenais conscience de tout cela, la deuxième ayant déjà 6 ans. Je me disais qu'il n'avait pas tort et nous venions tout juste de nous retrouver! Remettre encore mon enfant chez une nourrice ou en crèche toute la journée, n'avoir plus personne sur qui compter! Il fallait tout remettre en question!

Mon mari est rentré, me montrant de plus en plus de détermination à vouloir régler cette situation et moi de moins en moins." Cette situation", "ce problème", cela en était juste un, dont il fallait se débarrasser. C’est ce qu'il me faisait comprendre et ressentir! Et après cela, la vie continuerait comme avant! Comme si rien ne s'était passé! Plus les jours passaient, et plus j'essayais de trouver une solution, mais pour le garder! Mon mari me disait que j'étais totalement inconsciente, que ce serait au détriment de mes deux enfants, de nous, de nos retrouvailles, de notre projet immobilier et qu'il ne voulait tout simplement pas de cet enfant, un point c'est tout! Je venais le rejoindre chaque jour dehors pendant qu'il travaillait, essayant de le convaincre que cet enfant était peut être un signe. Je le suppliai de ne pas me faire revivre cette situation une seconde fois! Je lui disais que j'avais un mauvais pressentiment et lui me disait: « arrête avec ca, c’est parce que tu veux le garder! » Il me reprochait de ne plus le suivre dans cette démarche, d'avoir changé d'avis! Mais ce premier avis était lié à la panique, à l’angoisse, un enfant c'est une décision importante! Moi même, à ce moment et encore plus aujourd'hui, je m'en veux! Je m'en veux d'avoir réagi de cette manière, si j'avais su prendre du recul avant de lui annoncer la nouvelle, j'aurai pu lui exprimer  immédiatement ce que je ressentais et ressens toujours aujourd'hui, cette plaie immense qui tente de se refermer à certains moments pour s'ouvrir davantage à d'autres et qui me fait de plus en plus mal ! Je revois les petites mains de mes enfants me faisant signe lorsque mon mari m'emmenait chercher ces foutus cachets! Je me vois dans ce cabinet, au milieu des faire parts de naissance, composer le code de ma carte bleue comme pour payer un morceau de viande alors qu'il s'agissait de mon bébé! Ce petit être qui me montrait déjà sa présence!
Mon gynécologue, m'avait prévenu et une seconde fois en présence de mon mari,  "c'est votre corps, c’est vous qui allez subir les conséquences, vous et seulement vous, il faut prendre votre propre décision".Comment faire, imposer un enfant à son conjoint, lui qui vous rappelle que si vous lui faites cela, vous assumerez, vous changerez seule la voiture, vous finirez les travaux de la maison !
Le 10 octobre 2013, je rentrais à la maison avec ces cachets, rien de plus simple! J'avais subi sur le chemin la colère de mon mari, voyant que je ne voulais pas avancer tellement je pleurais! Je suis une maman, je ne suis plus une gamine, je sais ce que c'est que  de donner la vie, je n'étais plus prête à en supprimer une seconde! Cela était une fois de trop! Pour cette IVG, nous n'avions aucune excuse! C'est ce que je n'arrêtais pas d'expliquer à mon mari, contactant même le site SOS IVG. La personne que j'ai eu, a très vite compris que je ne pourrai pas assumer cette IVG et a même proposé de parler à mon mari. Il a trouvé cela intéressant pendant 1 minute tout comme pour mon gynéco, qu'il trouvait « pas mal aussi, au niveau de sa philosophie »! Puis, bien sûr, il est reparti dans ses convictions sans tenir compte des miennes! Je ne pouvais pas regarder ces cachets, posés dans un tiroir, c’était horrible de penser que j'allais devoir les mettre dans ma bouche, qu’ils stopperaient  la croissance de mon bébé, pour ensuite l'expulser! J'étais à la limite (7 sa).Mon mari me disait de les prendre le dimanche pour être à la maison deux jours plus tard pour l'expulsion, mais jusqu'au dernier moment, je ne pouvais croire qu'il ferait une chose pareille! J'étais persuadée qu'il ne pouvait aller jusqu'au bout, étant déjà papa deux fois et tellement aimé de ses enfants.
Le soir de ce 13 octobre, je me souviens de tout, même de ce que j'ai préparé pour le repas, de ce foutu reportage qu'ils passaient sur les risques d'accouchements d'enfants anormaux! Et mon mari qui me regardait pour approuver! Car selon lui, notre enfant n'était peut être pas normal ! Nous avions eu de la chance pour les deux premiers, alors pour le troisième, peut être qu'il culpabilisait moins de se dire cela!
La prise du premier comprimé a été une horreur, comme un coup de poignard en plein cœur. J'ai eu mal à la poitrine comme jamais. J'avais du mal à contrôler ma respiration et lorsque j'imaginais ce que j'étais en train de donner à mon bébé, j'avais envie de me faire du mal à moi-même! Pendant ce temps, mon mari regardait la télé, me disant que s’il venait vers moi, je le repousserai! Et déjà je le sentais soulagé!
A partir de cet instant, mon état psychologique s'est dégradé. On a beau vous dire que ce n'est qu'un embryon, vous ôtez le droit de vivre à un petit être! Et c'est une des raisons pour laquelle une mère souffre tellement. Le médecin m'a immédiatement mise en arrêt et donner les coordonnées d'un psy, rendez-vous 1 mois plus tard, autant dire que c'est long!
Deux jours plus tard, vers 20h30, j'ai du prendre le deuxième comprimé pour l'expulsion. Je me sentais comme morte et je redoutais ce qui m'attendait. J’ai eu des contractions comme pour accoucher ,une heure et demi plus tard, puis vers 23h30, j'ai eu très mal et je sentais quelque chose descendre, je suis allée dans les toilettes, et là j'ai vu ce qu'il ne fallait surtout pas voir: je me souviens encore de cette poche blanche, avec plein de vaisseaux, ses yeux, c'était horrible. Puis les contractions se sont arrêtées, j'avais vécu un accouchement mais je n'avais plus de bébé! Vers 5 heures du matin, j'étais pleine de sang; je suis allée sous la douche et là je perdais des morceaux de placenta et tous ces déchets, c'était horrible! J'étais seule et je pleurais en essayant de ramasser tout cela!
 
Les jours suivants, je continuais d'avoir des maux de ventre, je n'arrivais pas à me baisser suffisamment pour enfiler mes chaussures. J'ai appelé le gynécologue pour le rendez vous post IVG (écho de contrôle). J'avais du mal à marcher correctement. Le gynéco ne pouvait me recevoir que le 5 novembre. Je lui ai expliqué mes douleurs en arrivant. Il me fait l'écho et m'annonce que j'ai un énorme kyste (de la taille d'un pamplemousse) sur l'ovaire. Il repart à son bureau et planifie une intervention d’urgence, « vous entrez demain et je vous opère après demain, vous avez eu de la chance » me dit-il. « Et mes ovaires? C'est dangereux? » « Nous verrons en opérant si tout est en bon état », me dit-il. Je vous passe les détails de mon état. Je rentre, je l'annonce à mon mari qui ne s'attendait pas à cela et il fallait expliquer aux enfants que j'allais partir à l'hôpital. L'opération se passe, retour à la maison, une infirmière chaque jour, qui remarque ma détresse. Je continue d'avoir des maux de ventre et aussi des brulures, on me dit que cela doit être normal, il faut attendre car je viens d'être opérée, mais je sens bien que cela n'est pas normal. Une semaine plus tard, lors d'un prélèvement, on trouve des colonies de candida krusei. Le gynécologue ne me rappelle jamais car il me dit ne pas savoir soigner ces champignons. Il demande conseils à d'autres médecins, on me prescrit du VFEND sans trop connaitre le bon dosage (médicament obtenu uniquement en pharmacie du centre hospitalier), décembre se passe, janvier, février. Les candidas sont toujours là! Le gynéco me dit qu'il ne sait pas quoi faire et si un autre médecin peut me soigner, il passe la main volontiers! Les infirmières, affolées de me voir revenir sans cesse, parlent de mon cas à l'infectiologue, qui me conseille de tout arrêter! Aujourd’hui, j’ai refais un prélèvement, les candidas sont toujours là, je le savais, étant donné mes maux de ventre au quotidien et mes brulures et j'ai une nouvelle infection ainsi qu'une mycose, je suis sous antibiotiques  et cela dure depuis presque un an ! J’ai également une grosseur qui est apparue à la poitrine, j'ai du faire écho, mammo et finalement biopsie .Les résultats sont négatifs mais je dois refaire des examens car elle évolue de plus en plus. Tout ceci est hormonal et évidemment on vous dit que peut être rien n'est lié. Comment le savoir?
 
Si j'ai pris autant de temps à vous raconter mon histoire, ce n'est pas pour demander à chaque femme de renoncer à l'IVG, je pense simplement que derrière  toute décision se cache une raison valable mais en ce qui me concerne, ça ne l'était pas.

Mon mari croyait que cette grossesse était le pire qui pouvait nous arriver mais lorsque je vois tout ce que j'endure depuis bientôt un an, tous ces problèmes de santé et cette souffrance intérieure! Je la vis seule et j'ai tout perdu. J'ai 37 ans et j'ai l'impression que ma vie ne sera plus jamais la même après ça! J'essaie de tenir le coup pour mes enfants. Il faut connaitre la peur, le désarroi et le regret pour se dire que tout cela n'aurait pas du se passer, que j'aurai pu avoir cet enfant ! Etre fatiguée et se disputer à cause de ce mode de vie, mais cela n'est tellement rien, comparé à mes problèmes actuels. Et malheureusement il faut le subir pour qu'il en prenne conscience, ou peut être c'est ce qu'il veut me faire croire maintenant qu'il est trop tard! En attendant, je ne sais pas comment je serai dans un an! Je voudrais tellement revenir en arrière! Pouvoir changer les choses et que tout redevienne comme avant! On ne prend pas les mêmes décisions à 20 ans et à 40, et on ne les vit pas de la même manière! Merci pour les témoignages des autres, qui m'aident à me sentir moins seule! J'espère que le mien vous aidera car je n'ai pas pour habitude de me dévoiler autant! Bon courage à toutes!


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