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Charlène 21 ans, ivg 2 mois

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J'ai mal vécu mon IVG

Bonjour, je m'appelle Charlène, j'ai 21 ans et  je suis militaire. En décembre dernier, j'ai rencontré le garçon de mes  rêves, gentil, attentionné, etc... A cette époque, j'étais sous pilule Leeloo. Les fêtes de Noël passent, puis le mois de janvier. Le 13 février au matin  pendant l'appel, je me mets à vomir. Mon chef m'envoie consulter à  l'infirmerie du régiment. Arrivée à l'infirmerie, le médecin me demande ce  qu'il m'amène. Je lui dis que j'ai la gastro et qu'il faut qu'il m'arrête  pour pas que je contamine mes collègues (vivant en collectivité les  contaminations sont fréquentes). Il me demande si je prends la pilule. Je lui réponds que oui. Il me demande la date de mes dernières règles, je lui dis  qu'en ce moment même, je les ai. Il m'oscule et il me tâte le ventre. Il me  demande si j'ai mal et  me dit « tu es en train de faire une appendicite, je t'envoie aux urgences ».

Direction les urgences à 10 h. 14h : je ne suis toujours pas  passée et j'ai faim. Je m'achète un sandwich que je vomis après l'avoir  avalé. 17h15 on me fait enfin une échographie. Rien,  ils ne voient rien. Je regarde aussi et bien que je n'y connaisse rien, je ne  vois rien d'anormal. L'infirmière me fait une prise de sang pour voir si je n'ai pas une infection. Elle revient 2h après avec les résultats en poche. Elle me dit de but en blanc :

"bonne nouvelle, vous n'avez pas l'appendicite, mais  vous êtes enceinte ". Pardon ?

« Oui mademoiselle vous êtes enceinte de 7 sa donc  5 semaines ». Je me mets à lui dire que c’est impossible puisque je prends la  pilule et qu'a ce moment la j'ai mes règles. Elle me dit

« non non il n'y a pas  d'erreur vous êtes enceinte c'est comme ca ».

Je vois mes projets partir en  fumée alors sans réfléchir, je lui dis

« enlevez-moi ça du ventre je ne le  veux pas ».

Elle me dit qu'il faut un délai de 7 jours de réflexion obligatoire  avant de prendre ma décision. Pendant ce temps, j'appelle mon copain. Il vient de suite a l'hôpital. On monte voir le gynéco. Il me passe le gel sur le  ventre. Il ne voit rien. Sans me prévenir, comme ca, il m'introduit la sonde  dans mon corps, je vois enfin mon bébé et de suite mon avis change :

« Je ne l'abandonnerais pas. c'est mon bébé ! je l'aime déjà ».

Mon copain n'est pas de cet avis la, il me dit " tu avortes !" . Sa décision est claire et nette.  J'appelle ma mère. Elle me sort des horreurs, que je suis la honte de la  famille. Elle me dit qu'elle fera tout pour qu'on me retire mon bébé. Qu'il  faut que j'avorte, que ce n’est pas une vie pour lui, que des enfants j'en aurais  d'autres, etc.. et la voila qui me dit :

« si tu veux vivre ta grossesse, vis là mais  accouches sous X ». Mais elle est malade cette femme ! Je la déteste. Et voila  que ma sœur m'appelle et me dit :

« non mais t’es devenue folle, tu ne vas pas garder  ce bébé, il va te gâcher la vie, tu pourras plus sortir. » Je lui dis :

« je  ferais avec. Et ce bébé, c'est un miracle vu mon métier où l'on fait  énormément de sport »

Il s'est accroché. Je vais le garder que ca leur  plaise ou non. Je me fais insulter de tous les noms. Même ma petite sœur de  14 ans s'y met. Je décide de fuir et d'aller chez ma cousine infirmière. Elle  me dit qu'elle ne me jugerait pas et surtout qu'elle ne me donnerait pas son  avis  pour ne pas m'influencer. Tous les jours, je reçois des appels  insupportables me disant « il faut que tu avortes, etc ». Je ne dors plus beaucoup. Je  pleure beaucoup. Je décide d'aller chez le médecin traitant de ma cousine. Il  me dit :

« je ne vous sens pas prête à avorter ». Je lui dit que je suis perdue. Mais il  me donne quand meme une ordonnance pour le planning familial. Je m'y rends. Ils me font  une écho de datation. Comme il a grandi mon piou-piou... Ils me disent que je suis limite par médicament mais que "ca va le faire" et de revenir le lundi pour ma première prise. Je ne veux pas y aller. Ce soir là, je ne cesse de  pleurer. Je reçois un appel de mon copain qui me dit que si je n'avorte pas,  il ne reconnaitra pas son bébé, qu'il me quittera, qu'il ne m'adressera la  parole que quand j'aurais avorté, etc.. Arrive le lundi pour la première prise. Je pleure encore, et encore, mais je me dis que "je le fait pour ma mère et pour mon  copain" et qu’au moins, ca s'arrangera entre nous. Encore une erreur...

Deux jours après, donc le 5 mars 2014, hospitalisation pour la dernière prise. Elle me dit :

" d'ici un  quart d'heure le bébé sera expulsé, il faudra vous me mettre au dessus du  bac".

Il est 9h. Je m'endors. Vers 11h15 j'ai de grosses crampes dans le ventre apparemment ce sont des contractions. Je me dirige vers le bac et je  sens un truc bizarre tomber dedans. Je vois mon bébé au milieu des caillots  de sang. Il est déjà si grand il mesure 3-4 cm environ. Je vois sa tète, ses  jambes, ses bras, un morceau du cordon ombilical et deux points noirs. Ce  sont ses yeux. Je me mets à hurler. J'hurle de douleur. Mais pas de douleur  physique. De douleur psychologique. J'ai mal. J'ai l'impression que l'on  m'arrache le cœur. Je balance tout ce que j’ai autour de moi. Les infirmières  arrivent et me piquent pour me calmer.

Je dors d'un coup et quand je me  réveille je me sens mal et vide. J'ai l'impression qu'on m'a retiré une  partie de mon corps. Ce jour restera le pire jour de ma vie. Le plus  horrible. Le plus triste. Le plus douloureux et surtout le plus bouleversant  de toute ma vie. Aujourd'hui, je regrette cette décision et j'y pense tout le  temps. Surtout que je n'ai plus de nouvelles de ma famille, ni de mon copain  alors que je pensais que ca s'arrangerait avec le fait d'avoir avorté. Je  pense aussi que la méthode médicamenteuse devrait être interdite. C’est horrible de voir son bébé au milieu d'une mare de sang. C'est horrible de  demander à la maman du bébé si elle veut qu'il soit dans un petit pot avec les déchets organiques ou si elle veut qu'il soit jeté dans les toilettes. 

Merci d'avoir pris la peine de me lire …


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