Bonjour, je suis Thierry et papa d'une grande fille de 21 ans que j'élève seul depuis qu'elle a 2 ans. Je me suis battu jusqu'à sa majorité pour obtenir sa garde, car ma fille représente ce que j'ai de plus précieux au monde. Elle a beaucoup souffert du manque affectif de sa maman. Elle a un petit copain avec lequel elle s'est fiancée à Noël. Le 16 décembre après un test urinaire, ma fille découvre qu'elle était enceinte. Elle est étudiante et son fiancé militaire doit partir en mission. Nous vivons dans un tout petit F2 et je suis très gravement malade depuis 2006. Elle a fait faire une échographie de datation et pris rendez-vous au planning familial de l'hôpital B… à Paris où nous pensions avoir des renseignements.
On n'a rien expliqué à ma fille, juste qu'il était possible de planifier une IVG médicamenteuse avec 2 rendez vous le 26 janvier et 48 heures après, le 28 janvier. A aucun moment, un entretien psychologique ou avec une assistante sociale n'a été proposé. La personne du planning familial à juste mis OK sur la ligne correspondant à l’entretien. Je me suis documenté sur internet et j'ai pu constater que de nombreuses jeunes filles après coup, vivaient très mal leur IVG, un peu comme le deuil d'un enfant.
J'ai peu de moyens financiers, aussi j'ai voulu contacter les assistantes sociales de la ville de X…. où je réside. Tout le monde semblait me dire qu'on ne pouvait rien faire, qu'un enfant ça se préparait, etc… Toutes les portes se refermaient une à une. Je n'ai jamais voulu influencer la décision de ma fille, je lui ai simplement que quel que soit son choix je le respecterais et ferais le maximum pour l'aider et la soutenir moralement. Ce que je trouve regrettable, c'est que durant les 7 jours légaux « théoriques » de réflexion que l'on vous laisse, vous êtes livrés à vous-même. On vous laisse porter sur vos épaules tout le poids de la décision. J’ai continué à me documenter sur le net, seul, sans conseil de personne et j'ai trouvé ce site où j'ai pu dialoguer avec Marie. Elle m'a confirmé ce que personne ne voulait me dire, que ma fille avait droit au RSA, que nous étions en droit d'avoir un logement plus grand, qu'il existait des associations d'aides à X….,
Tout cela, à aucun moment, l'hôpital ne nous en avait parlé. On aurait cru prendre un rendez vous comme pour une banale intervention dentaire ! Par contre, elle a pu parler avec une écoutante de www.ivg.net pour la conseiller car elle est partagée. J'essaye de l'entourer de tout mon amour. Je l’accompagnerai à son deuxième rendez vous où logiquement il est prévu qu'elle prenne ses premiers médicaments. Je souhaite qu'avant de prendre sa décision, elle ait tous les éléments, ce qui n'a jamais été le cas à l'hôpital. C’est moi-même qui ai demandé au généraliste de faire une prise de sang avec NFS, groupe sanguin et aussi la coagulation, car ce n'est pas quelque chose d'anodin.
Je vois des témoignages qui font état d’une pression extrême des parents pour faire avorter leur fille et cela me révolte un peu. Une jeune fille dans ce cas là a plutôt besoin d'amour, de réconfort. On n'a pas le droit de juger, de décider pour notre enfant, c'est déjà suffisamment difficile comme cela.
Certes en France l'IVG est un droit, mais ce droit doit être accompagné de toutes les explications et conséquences qui vont avec. J'ai essayé d'expliquer à ma fille que son choix ne doit être guidé par aucune pression extérieure, et que jusqu'à mon dernier souffle, je la soutiendrais.
J'espère sincèrement que votre association ne nous laissera pas tomber et nous aidera si ma fille garde son bébé. Je vous remercie de me lire, je soutiens ma fille face à cette difficile décision. Surtout je ne la juge pas, mais j'ai tellement lu de témoignages de jeunes filles qui regrettent leur IVG que j'espère du fond du cœur que cela n'arrivera pas à ma fille.
Voilà, c'était le témoignage d'un papa qui ne veut que le bonheur de son enfant prise dans les rouages d'un planning familial qui n'a de familial que le nom et qui n'accomplit pas son rôle d'information et d'orientation correctement.
Thierry